Tribune
libre Francisco Benante
GUINÉE-BISSAU
:
pourquoi
sommes-nous le plus mal aimé des pays africains ?
J’ai assisté avec
grande fierté au dernier hommage rendu par le peuple de Guinée Bissau, venu en
masse, accompagner le Président de La République de Guinée Bissau dans sa
derniere demeure.
Je salue et m’incline
devant la memoire de Feu son Excellence Malam Bacai Sanha, rappelé à Dieu le 9
Janvier 2012, dont les funérailles nationales ont été à l’égale de celle d’Amilcar
Cabral, Père de la Nation.
Cette tragique dispartion,
au-delà de la douleur et du vide laissé par ce digne et fier combattant de la liberté de la Patrie, peut
ouvrir la voie à une periode d’incertitudes
voir d’instabilités institutionnelle et politique.
En ma qualité d’ancien
combattant de la lutte de libération de la Guinée Bissau, Secrétaire Général du
Conseil Directif de l’Association des Anciens Combattants du PAIGC de 1998 à ce
jour, et plus particulièrement en tant que représentant
de la Guinée-Bissau aux Parlements de l’UEMOA et de la CEDEAO, ancien Président
de l’Assemblée Nationale (2004-2008), ancien Président du PAIGC et Ministre de
la Défense et des Anciens Combattants (1999-2002), doyen de la faculté de droit
de Bissau (1994-2000), il est de mon devoir et de ma responsabilité de porter
un regard sur l’histoire récente de notre pays et transmettre un message d’espoir
sur notre chère patrie.
La presse internationale n’a pas de mots assez
durs pour qualifier notre pays :
coups d’état,
corruption, trafic de drogue, assassinats de hautes personnalités (en 2009, chef
de l’État en exercice, chef d’état-major des armées, ministre de l’Administration
térritoriale et candidat à la présidentielle, députés…).
Au quotidien, la réalité est terrible.
Notre pays est complètement
détruit. Il nous a fallu douze années
pour conquérir notre indépendance, proclamée le 24 septembre 1973.
Pas une seule partie
du territoire n’a été épargnée par la guerre de libération et bien qu’elle soit
terminée depuis plus de trente ans, nous ne nous en sommes toujours pas relevés.
Notre situation ne
cesse de se dégrader. Nos institutions sont affaiblies ou démantelées. Notre
armée n’a pas de casernes, au sens moderne du terme, même si nos militaires demeurent
dignes et participent, souvent au péril de leur vie, aux opérations de maintien
de la paix dans le monde, sous l’égide de l’ONU.
Nous sommes un État mais nous n’en avons pas tous
les moyens. Malgré tout, en 2004, nous
avons entrepris un processus de normalisation démocratique. Nous avons organisé
des élections, qui ont toutes été validées par les Observateurs de la Communauté
Internationale : législatives en 2004 et 2008, présidentielles en 2005 et 2009.
Feu son Excellence le Président de la République, Malam Bacai
Sanhá, depuis son élection le 26 juillet 2009, n’a eu de cesse de redoubler
d’efforts pour la restauration d’un État fort.
Pour la première
session 2010 du Parlement de la CEDEAO, en mai à Abuja au Nigéria, j’ai été
interpellé sur les incidents de mars 2009 et d’avril 2010. J’ai rappellé que
les deux événements n’avait pas la même portée, et j’ai une nouvelle fois dit
que ces comportements sont une conséquence de notre situation.
Il faut beaucoup de moyens et du savoir-faire pour calmer
ces tensions avant de rétablir la stabilité.
Notre structure sociale est cassée, au début des années 2000, quand j’étais Ministre
de la Défense, à mes interlocuteurs étrangers qui me demandaient comment j’allais
rétablir la stabilité dans le pays, je répondais: "Vous connaissez le scénario. Après la seconde guerre mondiale, si les
Américains avaient dit à des pays européens complètement détruits, matériellement
et sociologiquement, qu’ils devaient d’abord rétablir la stabilité et qu’ensuite
on les aiderait financièrement, il y aurait encore aujourd’hui la guerre en
Europe.". Nous sommes encore plus pauvres que l’étaient les pays européens
à l’époque.
Nous sommes pourtant l’un des plus beaux pays d’Afrique
de l’Ouest, l’un des plus prometteurs.
Notre sous-sol, encore
inexploité, recèle de nombreuses richesses. Nous avons une partie continentale
fantastique, notamment grâce à sa grande forêt et de vastes prairies. La
relance de l’agriculture est la priorité numéro un de notre développement économique.
Mais, là encore, il faut des moyens. L’agriculture traditionnelle, manuelle, ne
peut pas nourrir tous nos enfants. L’essentiel de notre production agricole est
exportée, ce qui met notre population en situation de dépendance aux
importations.
Grâce au joyau de l’archipel
des Bijagos, composé d’une centaines d’îles qui nous sont rattachées dans l’océan
Atlantique, nos eaux territoriales sont très poissonneuses. Elles attirent les
pêcheurs du monde entier mais nous ne percevons que 6 à 7 millions d’euros de
droits concessionnels par an dans le cadre des accords de pêche avec l’Union Européenne.
Nos ressources halieutiques sont autrement plus importantes que celles de nos
voisins, qui touchent jusqu’à trente fois plus que nous!
Nous ne demandons qu’à prendre un nouveau
départ.
La
reconstruction de la Guinée-Bissau peut s’appuyer sur la structure sociale du
pays, jeune et dynamique. La démocratie est une idée bien ancrée dans nos têtes
: la lutte pour la libération a instruit tout le monde, et ceux qui étaient
dans les zones libérés ont appris à voter avant les intellectuels, en 1971 et
1972, pour former la première assemblée nationale, celle qui a proclamé l’indépendance
du pays.
Nous
avons conservé des amis en Afrique de l’Ouest et ils nous soutiennent autant qu’ils
peuvent. Mais cela permet à peine de calmer la douleur, pas de guérir la plaie.
Oui, nous voulons développer notre économie, lutter contre la corruption,
combattre les trafiquants de drogue. Mais la priorité des priorités, c’est la
restauration d’un État fort et de la société. C’est le principe de base, celui
qui commande tout le reste. Nous n’y parviendrons que si la communauté internationale
se mobilise réellement pour la Guinée-Bissau, sans aucune mesure avec ce qui a été
fait jusqu’à présent.
J’invite
vivement la diaspora bissau-guinéenne disséminée à travers le monde à s’investir
pleinement pour la restauration et la refondation de notre chère Patrie. Si les
habitants de la planète considèrent que la population de Guinée-Bissau fait
partie de l’humanité, alors l’Humanité ne peut pas nous laisser dans la
situation que nous connaissons et qui ne cesse de se dégrader depuis trois décennies.
La
Guinée Bissau au-delà des clichés est une magnifique terre d’afrique riche de son histoire millénaire, des
ressources de la mer, de son sol, de son sous sol et particulierement riche des
hommes et femmes de qualité qui dans les moments les plus difficiles ont su
relever de grands défis avec le soutien de pays d’Afrique et du monde amis et
freres. Peuple de Guinée Bissau l’heure la bataille du developpement, de la
stabilité et de la concorde nationale est arrivée.
Viva
Guiné Bissau, “Tdjitu Ten Ke Ten”
Francisco BENANTE
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